La nouvelle bataille (pagaille ?) du rail
Le débat qui vient d’être ouvert par le rapport de la commission parlementaire sur l’ « Avenir des trains d’équilibre du territoire (TET) » déclenche beaucoup d’interrogations sur la stratégie de la France en matière de transport ferroviaire. On croyait que ce mode de déplacement vertueux avait de beaux jours devant lui.
Et pourtant…
TGV, TER, TET… au moins a t-on appris qu’il n’y avait que 3 catégories de trains. Mais bon, ce n’est pas si simple. Parce qu’il y a les vrais TGV (trains à grande vitesse) qui roulent sur des LGV (lignes à grande vitesse), et les faux TGV qui ne vont pas si vite que ça, se traînant sur les voies « normales ».
Parce que sous le nom hermétique de TET se cache un improbable fourre-tout : allant de liaisons nationales au cabotage hyper local, mêlant les anciens Corail et Téoz, les trains de nuit (comme les restes de la Palombe bleue), voire les michelines de campagne. Il faut avouer que l’incohérence de ce réseau colle plutôt mal au libellé qui lui a été attribué de « trains d’équilibre du territoire ».
Parce que les TER (trains express régionaux), financés par les Régions, tracent leur voie entre les TGV et les TET au gré de politiques locales parfois opposées, y compris au niveau des tarifs (tout à 1 € pour le Languedoc-Roussillon).
Si les TER ont tendance à se développer, le gouvernement vient de geler le programme des LGV (donc des vrais TGV). Le rapport qui vient de sortir sur les TET devrait conduire à un écrémage XXL de ces 35 lignes hautement dispersées, desservant 325 villes dans 21 régions. Et parmi elles, la liaison Hendaye-Toulouse est particulièrement dans le collimateur.
On pensait que la France se battrait pour garder son avance dans la grande vitesse. Il n’en est rien et même l’Espagne est en train (si l’on ose dire) de nous damer le pion avec un réseau quadrillant tout le pays, mais aussi au niveau de l’industrie ferroviaire et des technologies.
On pensait que les LGV représentaient le maillon essentiel et d’avenir pour structurer l’ensemble du territoire ; une colonne vertébrale de grande vitesse complétée localement par l’irrigation des TER et des TET. Et bien non.
Dans le Grand Sud-Ouest, sauf revirement du gouvernement, le terminus sera Bordeaux. Adieu la LGV vers Toulouse. Adieu la LGV vers les Landes, le Pays basque et le Béarn. Et même, adieu la LGV vers l’Espagne, alors que la vocation de cette ligne, baptisée Sud Europe Atlantique, était clairement de rapprocher Paris et Madrid.
Hier, la dernière nouvelle sur le front du TGV a fait l’effet d’une bombe. D’après les syndicats, la direction de la SNCF étudierait la suppression des TGV (les faux) entre Bordeaux et Hendaye. En venant de Paris, il faudrait systématiquement changer de train dans la capitale girondine pour grimper dans un TER : en route vers les peuplades sauvages du bassin de l’Adour. PresseLib’ suggère de remettre en route les diligences !
Parallèlement, on vient d’apprendre la mise au placard de l’autoroute ferroviaire entre le Nord et le Sud-Ouest, qui devait faire escale à Tarnos (Landes). Son but était de mettre un maximum de camions sur des trains, avec l’avantage évident de désengorger les routes, de les rendre plus sûres et d’alléger la pollution. Pas bête. Et bien non : au rencart !
D’un côté, les autorités annoncent une volonté farouche de limiter l’usage de la voiture (et des camions) pour sauver un air pur ; de l’autre, elles tergiversent sur le développement du transport ferroviaire, le plus propre de chez propre.
Vous comprenez quelque chose à cette stratégie ? Pas nous.