
F. V. L. 10/05/2015

Jérôme Bonnafont est ambassadeur de France en Espagne depuis un an et demi. Il était récemment à Zaragoza pour voir de près la réalité de la communauté autonome, pour parler avec les entrepreneurs et pour faire la promotion du TGV vers la France depuis l’Aragón.
--Quels sont les travaux que la France prévoit sur la RN 134, entre Pau et le Somport?
--C’est une route d’importance cruciale et nous nous y attachons beaucoup. Il est nécessaire de l’entretenir et de la consolider, si bien que le gouvernement français a décidé un plan d’investissement de près de 100 millions d’euros sur la période 2015-2020. C’est l’investissement le plus important dans la région Aquitaine, représentant presque 30% de l’argent public destiné aux routes dans le sud de la France.
--La France recevrait beaucoup plus de touristes espagnols s’il y avait une bonne liaison ferroviaire entre Madrid et Paris.
--C’est la hausse du nombre de passagers qui permettra de développer la ligne. Si celle-ci se popularise, on pourra envisager une liaison directe. Pour le moment, il faut attendre que l’offre existante se consolide. En tout cas, ce type de décision est de la compétence de la SNCF et de la Renfe. C’est une ligne commerciale qui doit gagner de l’argent, et cela ne se produira que si la demande est suffisante. Pour le moment, sur les 200.000 aragonais qui franchissent chaque année la frontière, 10.000 seulement le font par le train.
--Quels sont les plans pour la ligne entre Pau et Zaragoza?
--Cette question est de la compétence du président d’Aquitaine, Alain Rousset, car c’est la région qui finance les travaux, à partir d’une analyse positive des perspectives de la ligne. Notre intention est de nous rendre prochainement sur les lieux pour voir comment avancent les travaux. Ce sera une manière de montrer la priorité politique qui est donnée à ce chantier. Alain Rousset a annoncé la date de 2020 pour la terminaison des travaux, c’est son engagement. Il dispose de moyens financiers propres, mais il demande l’aide de la Commission Européenne.
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--L’Aragón est très intéressé à la construction de la Traversée Centrale des Pyrénées. Le Gouvernement français soutient-il ce projet?
--C’est un projet qui est en débat au plus haut niveau politique et il est abordé à chaque sommet. Il y a accord politique de la France pour inclure les études nécessaires afin de vérifier la viabilité de cet investissement. Ce n’est pas une question abstraite de savoir si ce projet est réalisable. C’est une question très précise de viabilité technique, financière, économique et de calendrier. Tout cela doit être étudié conjointement par les ministères compétents de chacun des deux pays, ainsi que par SNCF et Adif. Un rapport établi par ces deux organismes est attendu pour la fin de l’année. La France prend en compte l’intérêt du Gouvernement d’Aragón. En tout cas, ce n’est pas un projet à court terme, cela va prendre du temps, autant pour son coût économique qu’en raison des difficultés de construction.
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--La France est le principal client de l’Aragón à l’extérieur. Cette situation va-t-elle se maintenir ?
--Il y a des raisons objectives pour que ce soit le cas, étant donné la nature économique de l’Aragón et le type de produits industriels qui sont produits ici. Selon nos statistiques, l’Aragón exporte vers la France pour 1,6 milliards d’euros, tandis que les exportations françaises vers l’Aragón sont de 600 millions. Cela représente un excédent de près d’un milliard. Cela doit être pris en considération, la France se montre un client très généreux.
-- La France est-elle intéressée à investir en Aragón?
-- Il existe déjà des investissements. Par exemple, Alcampo (Auchan) et Valeo. Il est clair que la question des réformes structurelles qui ont été faites en Espagne en général et en particulier en Aragón rendent possibles les investissements en Aragón. On peut dire qu’on n’a pas observé de chute importante des investissements en Espagne, mais depuis la crise et la récession brutale de l’Espagne il n’y a plus eu beaucoup de nouveaux investissements. Avec la reprise d’abord, et les réformes ensuite, ou l’inverse, l’intérêt des entreprises françaises augmente, car ils voient des opportunités intéressantes d’affaires, un cadre réglementaire favorable, des structures de transport de bonne qualité pour l’exportation...