Tension avec les voisins du nord. Un groupe d’éleveurs français a attaqué hier un camion chargé de viande de porc d’Aragón. Cet acte de vandalisme est intervenu dans le cadre des manifestations que font les producteurs de viande français depuis plusieurs mois face à la baisse des prix, dont ils rendent responsables les concurrents de pays comme l’Espagne. Des entreprises espagnoles du secteur affirment que ce n’est pas la première fois qu’elles subissent des dommages dans les mouvements de protestation, mais c’est un des cas les plus graves, et elles réclament aux autorités européennes de mettre fin à l’escalade de violence que subissent les transporteurs et leurs marchandises lors de leur passage dans ce pays.
L’entreprise aragonaise concernée, qui préfère garder l’anonymat, explique que le sabotage s’est produit à 17h00 à une sortie d’autoroute dans la localité française de Saint-Nicolas-de-Bliquetuit, en Normandie. Un groupe d’éleveurs a bloqué le camion "voyant qu’il était espagnol" et l’a obligé à se garer sur une aire de service. A l’aide d’un tracteur à pelle, ils ont extrait deux palettes de viande qu’ils ont déversées dans le fossé. Au total, la perte est estimée à 2.000 kilos de produit sur les 20.000 que transportait le véhicule à destination d’un client français. Après l’assaut, le transporteur a pu continuer sa route.
« Ils veulent attirer l’attention pour que leur Gouvernement réagisse, mais ce ne sont pas des manières, ils n’ont pas le droit », se lamente l’entreprise. « Nos porcs consomment du maïs français et nous n’allons pas à la frontière déverser leurs camions ». Elle dénonce en outre l’impunité de l’attaque qui a eu lieu en présence d’agents de la Police française, comme on peut le voir sur plusieurs photos prises par le camionneur.
L’entreprise voyait venir ce qui s’est passé hier du fait de la radicalisation des manifestations. « Au cours des derniers mois, on nous a arrêté des camions, et la pression était forte. Nous avons essayé de voyager de nuit », ajoute-t-elle, exprimant son indignation devant les faits.
PRECEDENTS
Plusieurs attaques se sont produites au cours des derniers mois. Une des plus graves a eu lieu le 9 mars, lorsqu’un camion de viande de porc venant de Burgos a été attaqué par une cinquantaine de personnes alors qu’il stationnait sur un parking dans la localité française de Landivisiau (Bretagne). Le conducteur dormait ; ils l’ont obligé à dételer la remorque pour y mettre le feu, bien que le chauffeur leur ait proposé de repartir en Espagne sans livrer la marchandise. Le Ministère de l’Agriculture a demandé des explications aux autorités françaises pour cette affaire.
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