Pau, le 1er juin 2015
Bonsoir M. le Président et MM. les membres de BAP
Je voudrais commencer par vous remercier de la possibilité qui m’est offerte d’être ici et d’intervenir dans cette réunion organisée par BAP.
La raison qui m’amène n’est pas une réunion de plus, il ne s’agit pas d’une simple démarche, ou d’une simple réunion entre amis préoccupés par un problème local. Nous nous trouvons en un moment historique, déterminant pour l’avenir de nos territoires. Un moment historique parce que c’est en ce moment que se décident les infrastructures de transport du XXIe siècle.
L’Union Européenne, la France et l’Espagne définissent les couloirs de transport de l’avenir, conscients de l’importance des transports pour l’avenir de l’Europe dans un monde globalisé et de plus en plus compétitif.
Dans le cas du Sud-Ouest européen, cette planification laisse la France et la Péninsule ibérique avec les deux seuls couloirs ferroviaires côtiers –atlantique et méditerranéen-, oubliant la nécessité de couloirs transversaux et d’un troisième couloir central à travers les Pyrénées qui, comme en Italie du nord, garantisse un vrai maillage ferroviaire pour passagers et marchandises, afin d’assurer l’accessibilité de nos territoires aux grands réseaux de transport.
Les projets GPSO sont un début de solution à ce problème d’accessibilité et à cet isolement, car ils créeraient un axe transversal en France et fourniraient en outre un cadre pour de nouvelles liaisons transpyrénéennes, comme le Canfranc et, à plus long terme, la Traversée Centrale des Pyrénées.
Pour toutes ces raisons, au sud des Pyrénées l’Aragon, représentant en quelque sorte l’intérêt général de la péninsule ibérique, appuie totalement la poursuite du projet GPSO.
Nous soutenons donc à nouveau les revendications de BAP en faveur de la poursuite du projet GPSO, en tant que solution à l’élimination de ce que la CPRM appelle des « zones grises », autrement dit des régions ou territoires qui, comme les nôtres, semblent rester à l’écart des grands réseaux de transport, contrairement à d’autres zones du nord et du centre de l’Europe.
Tout cela dans un contexte socioéconomique défavorable à nos territoires, qui plus que jamais ont besoin d’un renforcement des infrastructures, outil de lutte contre la crise et de soutien aux entreprises et donc à l’emploi.
Et aussi dans un contexte de recherche de la soutenabilité, dans ce qui fait consensus au plan mondial, le transfert modal de la route vers le rail.
Tel pourrait être le résumé de notre position, qui d’ailleurs n’a jamais varié, l’Aragon ayant toujours soutenu tous les grands projets qui, de part et d’autre de la frontière, sont destinés à donner de l’accessibilité à nos territoires.
Il s’agit en outre de mettre à profit toutes les potentialités qu’offre notre situation géographique et le niveau élevé de nos entreprises, dans l’intérêt non seulement de nos régions, mais aussi de nos deux pays.
Bordeaux, Toulouse et Saragosse, avec le Béarn et la Bigorre, le Haut-Aragon et même Teruel, sur l’axe Cantabrique-Méditerranée, ont des intérêts économiques communs, et ont droit à faire partie du réseau de transports ; elles ne peuvent demeurer une « zone grise »
Si le projet GPSO s’arrête aujourd’hui, nous hypothéquons pour longtemps l’avenir de nos régions, et en définitive du Sud-Ouest européen. Un sud-ouest européen qui, en dépit de ces « mauvais traitements » en matière de réseaux de transports modernes, a montré son dynamisme et ses capacités.
Voilà pourquoi nous sommes là aujourd’hui avec vous. En réalité, comme je l’ai déjà évoqué, nous ne disons rien de nouveau, nous ne faisons que répéter ce qui est pour nous une évidence, une revendication constante, rationnelle et juste.
Votre Président nous a demandé de nous unir à vous réclamations, de faire pression depuis notre position, et nous avons répondu positivement, cette fois encore. Nous venons d’adresser une lettre à M. le Préfet d’Aquitaine pour qu’il transmette au Gouvernement français notre souhait que le projet GPSO ne soit pas arrêté, dans l’intérêt commun de nos deux pays.
A notre demande, les Chambres de Commerce de Saragosse et de Huesca vont faire de même, et nous avons transmis cette même demande à toutes les instances à notre portée.
Dans la lettre au Préfet, nous disons en particulier ceci :
« Je m’adresse à vous au nom de la Fondation Transpirenaica que je dirige et qui représente dans le domaine des infrastructures de transport le Gouvernement d’Aragon, les trois diputaciones provinciales (conseils généraux), les chambres de Commerce et les principales organisations patronales et syndicales de la Communauté Autonome d’Aragon.
Nous avons eu connaissance de l’opinion défavorable émise par la Commission Publique en charge des projets GPSO pour la nouvelle interconnexion Bordeaux-Toulouse et Toulouse-Dax (sic) vers l’Espagne.
Nous souhaitons vous faire connaitre, avec tout notre respect, notre soutien total au projet, que nous considérons très important, non seulement pour le sud-ouest de la France, mais également pour notre région, et en fin de compte pour l’Espagne.
Il existe de nombreux points d’intérêts communs des deux côtés de la frontière, et la réalisation de ce projet ouvrirait de nombreuses possibilités d’interconnexion à travers les Pyrénées, qui sont aujourd’hui une barrière infranchissable, non seulement pour les personnes en général, mais aussi pour les entreprises espagnoles et françaises qui par leurs efforts, créent des emplois et des richesses pour les deux Etats.»
Nous croyons que le Gouvernement de la République française sera sensible à une question aussi stratégique pour l’avenir non seulement de la France comme nous l’avons dit, mais aussi de l’Espagne, car des projets d’une telle portée apportent des bénéfices des deux côtés de la frontière, comme cela a été dit.
Je crois que notre position est claire en faveur du projet, projet que nous connaissons depuis longtemps et auquel nous avons travaillé avec différentes institutions, en particulier les Chambres de Commerce et d’Industrie françaises.
Un projet qui doit se poursuivre et servir de catalyseur à d’autres projets, comme nous ceux déjà évoqués, le Canfranc ou la TCP, conjointement au développement de l’axe POLT, Paris-Orléans-Limoges-Toulouse.
L’ensemble doit constituer le grand réseau du sud-ouest européen pour passagers et marchandises, mettant à profit les potentialités géographiques, logistiques et économiques de nos régions.
Merci à tous et je suis totalement à votre disposition