Lettre d’information électronique de l’association Béarn Adour Pyrénées - N°38– novembre 2014
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La fête en Ossau mais la tête en Aspe
Grand déploiement franco–espagnol au col du Pourtalet pour l’inauguration d’un centre de déneigement commun au Béarn et à l’Aragon. En vérité, les pensées et propos furent surtout centrés ce jour-là sur la « mal aimée » RN 134-E7, en vallée d’Aspe.
Ceux qui regrettent qu’il n’y ait guère d’osmose entre le Béarn et l’Aragon, pourtant si i historiquement amis, auront trouvé matière à se réjouir avec l’évènement qui s’est déroulé le 29 octobre à la frontière, au col même du Pourtalet, à portée de tir de béret du mythique Pic du Midi d’Ossau. On y inaugurait ce jour-là, presqu’en aussi grande pompe que pour l’inauguration du tunnel routier du Somport en 2003, un centre de déneigement, bipolaire serait-on tenté de dire, et une maison à caractère culturel, les deux structures étant bâties à cheval sur la frontière, à l’emplacement de l’ancien poste des douanes.
L’élite politique, administrative, économique et …médiatique de l’Aragon s’était vivement mobilisée derrière la présidente du gouvernement régional, Luisa Rudi Ubeda, pour participer à cette célébration, comme pour bien démontrer que tout ce qui participe à l’amélioration des relations entre les deux pays la concernait au plus haut point. Etait aussi présente une délégation béarnaise, moins importante, conduite par Georges Labazée, président du conseil général des P.A. et comprenant notamment le préfet des PA, Pierre André Durand, le député Jean Lassalle, le président de la CCI Pau-Béarn, Patrick de Stampa. BAP était présente avec une délégation conduite par le président Pierre Saubot.
Contrat non rempli en vallée d’Aspe
Dans le grand bâtiment où seront abrités les chasse-neige et où régnait une ambiance de fête avec des groupes musicaux, plusieurs allocutions furent prononcées pour souligner l’intérêt de cette réalisation transfrontalière - d’un coût de plus d’un million d’euros, financée à 65% par les fonds européens - qui permettra une meilleure coopération opérationnelle lorsqu’il sera nécessaire, l’hiver, de maintenir la circulation entre Laruns et Biescas. Réalisation symbolique dont le caractère exemplaire fut souligné par Marie-Pierre Cabanne, présidente du GECT (Groupement Européen de Coopération Territoriale), par son alter ego aragonais, de Alarcon, par Georges Labazée (« première réalité transfrontalière »), par Jean Lassalle (« lieu de rencontre et de fraternité ») et la présidente du gouvernement régional d’Aragon (« une importance vitale pour nos relations »).
Nul besoin d’être un observateur très averti du contexte dans lequel se déroulait cette manifestation pour voir que, pour les Aragonais, le développement des échanges entre la France et l’Espagne repose surtout sur une sensible amélioration des conditions de circulation non pas en vallée d’Ossau mais en …vallée d’Aspe. Cette préoccupation transparaissait en filigrane – et pas seulement – dans tous les propos exprimés, et notamment et plus clairement encore lors d’une réunion technique tenue à huis clos sur la RN134, la mal aimée – non sans raison – de nos voisins. On a beau dire côté français qu’il est plus facile de faire une bonne route en Aragon en raison de meilleures caractéristiques géologiques et de la manne financière européenne, on garde le sentiment, côté espagnol, que la France n’a pas rempli son contrat en ne réalisant pas ce dans quoi elle devait s’impliquer, c’est à-dire la modernisation et la sécurisation de l’accès routier au tunnel du Somport. Sans parler de la nouvelle route Lescar-Oloron dont l’ouverture s’impose pour une cohérence de l’itinéraire E7.
Un préjudice insupportable
Le préjudice subi par les transporteurs espagnols, déjà important en temps normal, devient tout à fait insupportable quand se produisent des incidents (chutes de roches, risques d’avalanches, etc.) contraignant à la fermeture du tunnel durant de longues semaines. Or ceux qui franchissent la frontière ailleurs qu’à Irun et la Junquera savent bien que le franchissement du massif le moins malaisé de toute la chaîne pyrénéenne, grâce à une configuration de route moins tortueuse, est bien le Somport, notamment depuis qu’un tunnel moderne y a été ouvert. Encore faut-il que l’Etat français qui en a la responsabilité se décide à réaliser les déviations de Gurmençon, Asasp, Cette-Eygun et Urdos, bref à conférer à cet axe européen E7 la dimension qu’il devrait avoir depuis plus de dix ans
Le problème, en l’occurrence, est que l’Etat n’a plus un fifrelin sauf pour faire du rafistolage et que la Région, pour ne parler que d’elle, met tous ses sous, ici ,dans l’hypothétique résurrection de la ligne ferroviaire Oloron-Bedous, d’aucune utilité dans l’état actuel des choses. Un autre problème se dessine : en Aragon, on trouve toujours des crédits pour continuer à construire, du côté de Monrepos - où il y a des équipements lourds mis en œuvre- l’autovia reliant Huesca à Jaca. Ce qui signifie que cette liaison, une fois achevée à deux fois deux voies, aspirera un peu plus de camions sur l’itinéraire Valence-Saragosse-Somport-Oloron-Pau. Cette perspective, on s’en doute, n’est pas de nature à réjouir les maires de la vallée d’Aspe et leurs administrés.
LES ARAGONAIS NE VEULENT VOIR
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