Lettre d’information électronique de l’association Béarn Adour Pyrénées - N° 36 - juillet 2014 |
LA FIABILITE DES TRANSPORTS FERROVIAIRES ET ROUTIERS SERIEUSEMENT EN QUESTION EN BEARN
Peut-être l’avez-vous l’avez remarqué : tout se passe depuis quelques semaines comme si les problèmes de transports routiers et ferroviaires (accidents et avatars divers) se livraient en Béarn à une sorte de compétition funeste, sinistre et préjudiciable sur le terrain béarnais. Compétition intéressante d’un point de vue sportif, singulière sur le plan anecdotique, palpitante pour les médias, mais au bout du compte catastrophique pour nos rapports sociaux et culturels et pour notre économie. Sans doute aussi pour notre image…
15 AVRIL 2014 - 1er point perdu pour la SNCF
Un affaissement de terrain, causé par l’abondance des pluies se produit à Haut-de-Gan sur la ligne ferroviaire Pau-Oloron, récemment rénovée, menaçant d’envoyer les trains dans le décor. Fermeture immédiate du trafic notamment de voyageurs, lesquels sont transportés depuis Pau à Oloron et réciproquement par des bus, aux mêmes horaires. La SNCF fait du mieux qu’elle peut avec RFF pour rétablir la ligne mais c’est assez complexe, donc long. Les usagers s’impatientent.
19 AVRIL 2014 – 2ème point, égalité, pour la DIRA, - (direction des routes Atlantiques, ex-DDE)
Les circonstances climatiques produisant les mêmes effets, les problèmes routiers sont les mêmes que les problèmes ferroviaires : sur la RN 134-E7 au sud d’Urdos, un important affaissement de la chaussée oblige l’administration – d’Etat – à fermer la route aux poids lourds de plus de 3,5 tonnes, faute de quoi les camions pourraient bien chuter dans le ravin. Les travaux sont menés par des entreprises spécialisées, mais quelles que soient leur compétence, ils sont trop longs au goût des Espagnols qui le font savoir et n’admettent pas d’aussi drastiques mesures de restriction de circulation. Certains camionneurs régionaux peuvent emprunter le col du Pourtalet voisin mais de façon alternative car la RD 934, du col à Laruns, est fragile. Les autres sont contraints de faire un large détour par la Côte basque, d’où des surcoûts et des pertes de temps préjudiciables.
8 juin 2014 – 3ème point perdu : la DIRA se détache
Ayant la malchance d’avoir à gérer la RN134-E7 exposée à toutes les vicissitudes météorologiques, la DIRA se voit cette fois dans l’obligation de fermer totalement le tunnel international du Somport que pouvaient encore emprunter jusque-là les automobiles et véhicules de moins de 3,5 tonnes. En effet, des blocs de rochers se sont détachés de la paroi rocheuse non loin du tunnel et sont tombés sur la route (RN 134, toujours la même). Nécessité de purger le secteur des roches qui risqueraient de dégringoler encore et de sécuriser parfaitement la route. Ça prend du temps, forcément. De part et d’autre de la frontière, l’impatience grandit chez les transporteurs français et aragonais qui déplorent de voir le tunnel du Somport totalement neutralisé pour plusieurs semaines. Les véhicules légers peuvent néanmoins traverser la frontière par le col du Somport.
JEUDI 17 JUILLET 2014 - 4ème point perdu : nouvelle égalité entre la SNCF et la DIRA
La SNCF rejoint la DIRA au nombre des catastrophes à gérer en Béarn. Mais là du coup c’est très grave car on déplore des drames humains : 40 personnes sont blessées dont quatre grièvement lors d’une collision survenue entre un TER et un TGV, à Denguin près de Pau sur la ligne ferroviaire Tarbes-Pau-Dax-Bordeaux-Paris. Pour une raison qui n’a pas été encore formellement établie – on pense à une défaillance d’un sémaphore - le TER a percuté à l’arrière le TGV qui roulait à vitesse réduite (30 km/h). Ce type d’accident est très rare. Grosse émotion. On a frôlé la catastrophe. Le plan ORSEC est déclenché, des moyens importants sont mis en œuvre pour venir au secours des blessés et évacuer 200 autres voyageurs indemnes. Fermeture des deux lignes. Coup dur pour la SNCF qui se serait bien passée de ce nouvel avatar et qui doit faire le maximum pour rétablir la circulation des trains. Les TGV sont les premiers à circuler de nouveau, puis ce sera au tour des Intercités et des TER. Avec bien entendu un ballet d’autobus pour rétablir les liaisons vers Dax et Bayonne. Avec des retards inévitables, des correspondances loupées et des mouvements… d’impatience. Et un bon point quand même : les voyageurs ont retrouvé (avec plaisir) le retour des TER entre Pau et Oloron.
Question d’anticipation
En bref, pour rester dans le ton de la métaphore sportive, un bilan global assez saisissant – deux partout - qu’on peut justement déplorer. Il n’est pas dans l’esprit des dirigeants de BAP d’accabler les administrations car elles n’ont pas le pouvoir d’agir sur les conditions climatiques. Mais elles ont quand même une responsabilité à la fois technique et stratégique, ne serait-ce que parce qu’il est dans leur fonction de veiller au bon fonctionnement des infrastructures de communication. Et d’anticiper. La RN 134-E7 d’Oloron au Somport comme la ligne ferroviaire Pau-Oloron - jusqu’à Canfranc, c’est une autre histoire ! - doivent être une fois pour toutes réellement modernisées et sécurisées.
Comme si l’enclavement du territoire, lourd handicap dans un monde en mouvement, ne suffisait pas, les péripéties multiples que nous venons de connaître et qui ne sont pas toutes réglées, finissent par rendre gravement aléatoire la fiabilité des échanges. C’est singulièrement vrai pour le Béarn et par contrecoup pour son voisin espagnol, lequel réclame avec une insistance justifiée, plus de portes ouvertes …en permanence sur la France et le nord de l’Europe.
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